Voyage 2010 « Retour aux sources »

Voyage 2010 « Retour aux sources »

VOYAGE « RETOUR AUX SOURCES » EN FRANCE / 26 mai - 10 juin 2010


Ce texte a été rédigé par Maud Sirois-Belle
*** Des ajouts en italique ont été faits par Lucille Blais.


Les Blais d’Amérique qu’anime, depuis la création de l’Association il y a dix ans, un désir de mieux connaître l’ancêtre Pierre Blais, voulaient plus qu’un simple périple touristique en venant en France. « Cahiers des Blais » et « Journal des Blais », « Plaque mémorielle Pierre Blais » de Saint-Jean (Île d’Orléans), rassemblements annuels de centaines de Blais, enfin « Dictionnaire généalogique des Blais d’Amérique », tant d’activités et de réalisations ne pouvaient que créer une attente culturelle. Ce fut d’abord le rêve de quelques-uns; puis, à partir de 2007-2008, cela devint le projet d’une équipe. Le programme proposé rallia plus d’une trentaine de personnes. Nous souhaitions vivre un véritable « retour aux sources ».

On arrêta d’abord le « lieu » de la commémoration. On donna la « parole » à Pierre Blais. Dans son contrat de mariage avec Anne Perrot, il dit être originaire de Dam ( de nos jours Hanc), évêché d’Angoulême. Nous allions répondre à l’invitation lancée en juin 2008 à l’occasion du « 400e de Québec » par le maire de Hanc, Luc Denis : faire de Hanc le lieu de mémoire de Pierre Blais en France. Et commença le « laborieux » travail d’élaboration de la plaque mémorielle. Texte écrit par les Blais, designer québécois, marbrier français, maçon hancois. La stèle dévoilée le 5 juin 2010, hommage des descendants de Pierre Blais à leur ancêtre, est désormais comme un cœur qui bat au centre du bourg de Hanc, à la croisée de tous les chemins qui en partent ou qui y arrivent.

L’élaboration du programme nous amena à poursuivre certaines recherches dans les Archives de Niort, de La Rochelle, d’Alençon. Des complices français de la première heure et de tous nouveaux collaborateurs nous rejoignent alors et deviennent des collecteurs de documents, des éclaireurs d’histoire, des baliseurs de chemins. Car il ne suffit pas de disposer de quelques documents historiques ou généalogiques et de plusieurs indications géographiques pour bâtir un retour aux sources. Il faut avoir de nombreux amis sur le terrain, aptes à être « animateurs des lieux », en quelque sorte des « passeurs de mémoires ».

Ces dernières années, les Blais d’Amérique découvrirent, suite à deux articles publiés dans le Journal des Blais, qu’ils étaient « plus que Blais ». Ils comprirent que la voie patronymique menant au premier ancêtre n’était qu’une branche de l’arbre généalogique. Et qu’il fallait aussi suivre le chemin des grands-mères pour rejoindre tous les pères du « grand chêne ». Ainsi ce voyage de retour aux sources allait-il nous conduire sur la trace des grands-mères Filles du Roy et des Percheronnes et Percherons partis de France dès 1634.

Les journées « retour aux sources » du voyage commencèrent par une promenade dans l’enclos de la Salpêtrière à Paris, parmi les bâtiments contemporains des onze aïeules Filles du Roy liées aux deux premières générations de Blais. On nomma ces onze femmes au cœur de la Chapelle, comme en un fervent hommage. Anne Perrot, grand-mère fondatrice, première épouse de Pierre Blais, était Fille du Roy, originaire de Saint-Sulpice (autre lieu visité), Paris. La Salpêtrière, lieu « symbole » du départ des Filles du Roy, était pour la première fois honorée comme un lieu de mémoire par une famille souche québécoise. Ce fut ainsi l’occasion d’établir les prémices d’une commémoration future.

Vers cette autre étape généalogique qu’est le Perche pour les Blais et le lien avec leurs aïeules, il y eut cet arrêt à Versailles, lieu mythique des Grands qui y habitèrent. On parcourut le Parc et les Jardins du Château, découvrant tous les personnages statuaires qui le jalonnent, vers « La Flottille » et son restaurant au menu gargantuesque. Au retour, les fontaines en pleine action ont livré un spectacle grandiose. Malheureusement, à Chartres, la pluie était au rendez-vous et les magnifiques vitraux de la Cathédrale ont été moins lumineux.

L’autre grand moment de ce « retour aux sources » nous plongea en pays percheron. Nous avons traversé le département de l’Orne d’Autheuil à Tourouvre, de la Gagnonnière à la Ventrouze, de Bresolettes au manoir de Bivilliers, sans oublier l’arrêt devant les vitraux « Mercier » de l’église Saint-Aubin de Tourouvre. Une « cousine » se joignit à nous au cours de ce « pèlerinage » familial, Madame Louise Blais, conseillère culturelle de l’Ambassade du Canada à Paris et originaire de Lévis au Québec. Le lendemain, nous prîmes le chemin de Mortagne, avec son jardin à la française, ses vieux hôtels, ses ruelles pentueuses, l’église Notre-Dame et le vitrail Pierre Boucher, rejoignant ensuite Saint-Côme-en-Vairais ( l’église Saint-Côme et Saint-Damien et ses nombreuses plaques mémorielles en hommage aux Cosméens partis en Nouvelle-France). Il y eut aussi la traversée de la forêt de Bellême, une pause au manoir de Courboyer, le salut à la maison « Robert Drouin » de Le-Pin-la-Garenne, l’arrêt devant l’un des fours à chanvre de Contres (l’historique des fours et de la culture du chanvre en Perche sarthois fait par Monsieur le maire de Saint-Cosme-en-Vairais). Partout nous attendaient les maires des communes où l’on fit halte, les propriétaires des lieux nous ouvrant leur maison, partout des témoignages de fidélité, des signes de « fraternité », des repas chaleureux, des verres de l’amitié, des échanges de cadeaux et surtout la découverte émouvante des lieux des ancêtres. Les membres-animateurs de l’Association Perche-Canada furent de fidèles compagnons de route.

Les Blais du voyage comptaient tous de nombreux Percherons dans leurs ascendances, dont Julien Mercier pour la plupart. Mais nous voulions surtout rendre hommage à Jean Royer, père d’Élisabeth Royer, deuxième épouse de Pierre Blais. Ce fut un moment très touchant à Saint-Cosme-en-Vairais, lieu de ses origines. Quelques descendants de Cosméens ( Fortin, Gagné, Rouillard, Royer) furent faits citoyens d’honneur et l’on « célébra » le chanvre, plante liée au patronyme Blais par Saint-Blaise, patron des peigneurs de chanvre, mais aussi plante très présente dans cette région du Perche et au Québec dès le XVIIe siècle. Le maire, Monsieur Jean-Yves Tessier, son Conseil municipal et le comité de jumelage de Saint-Cosme-en-Vairais avec le Québec nous firent fête.

En route vers La Rochelle, nous avons exploré sous tous ses angles le majestueux Château d’Angers, appelé aussi Château du roi René ou encore Château des Ducs d’Anjou. Cette forteresse médiévale construite à partir du Xllle siècle est ponctuée de 17 tours. Les douves qui l’entouraient laissent maintenant place à de splendides jardins mosaïques.

À l’Île de Ré, accompagnés d’un connaisseur des Rétais partis en Nouvelle-France, les Blais marchèrent sur les traces de Jacques Beaudoin, père de Françoise Beaudoin, épouse de Pierre Blais, fils aîné de l’ancêtre. De ce couple sont issus plus de la moitié des Blais d’Amérique. À La Rochelle, s’ouvrit pour les voyageurs le Centre d’interprétation du départ vers la Nouvelle-France dans la Tour de la Chaîne pourtant en réparation suite à la violente tempête qu’a essuyée la région de La Rochelle en mars dernier. Un guide des Monuments nationaux, passionnant conteur de l’épopée rochelaise vers le Nouveau Monde, leur fit « revivre » le long périple de Pierre Blais parti de La Rochelle en 1664 sur le bateau « Le Noir de Hollande ». Plusieurs avaient aussi en tête Marie Targer, baptisée au Temple de la Villeneuve à La Rochelle, Fille du Roy du premier convoi de 1663 et mère d’Élisabeth Royer, seconde épouse de l’ancêtre.

Nous quittâmes la mer pour gagner les « terres » de Pierre Blais dans les Deux-Sèvres. Près de Niort, à la « Roussille », lieu magique le long de « la coulée verte », nous accueillirent les responsables du Cercle généalogique des Deux-Sèvres, complices des Blais depuis près de 15 ans. Deux « passeurs de mémoire », deux amis, nous ramenèrent dans ce Haut-Poitou du XVlle siècle qui vit « s’engager » 730 migrants, dont Pierre Blais à Chef-Boutonne ( une autre de nos haltes); après la conférence de Marguerite, Bernard nous présenta un diaporama des actes photographiés extraits des Registres paroissiaux et des « Rooles de la taille » de Melleran déposés aux Archives des Deux-Sèvres, à Niort. Nous faisons ainsi connaissance avec Pierre Blais, ses parents, son demi-frère et ses grand-parents. Nous sommes prêts à traverser le lendemain Bouin, Mandegault, Melleran, Vieilleville, Pioussay, Hanc, qui virent aller et venir Pierre et les siens. Là encore de beaux et forts moments. Accueil chaleureux à Melleran, lieu de naissance, de mariage et de sépulture des grands-parents de Pierre, où Monsieur Chartier nous raconte le chanvre en Mellois au XlXe siècle. Madame le maire Catherine Philipponneau tend la perche d’un jumelage avec un des lieux des Blais au Québec. Les descendants de Pierre sont investis de la citoyenneté d’honneur de la commune.

Le passage à Hanc, lieu d’origine de Pierre Blais, se fit d’abord à pied. Guidés par Monsieur le maire, Luc Denis, nous avons suivi le chemin verdoyant des fontaines qui furent aussi lavoirs jusque dans les années 50. Nous avons découvert les maisons basses couvertes de tuiles romaines enfermées dans des murs de pierres sèches, les « oeils de bac » et leurs becs d’écoulement extérieurs, le four communal sous son auvent. Nous nous approprions les lieux, faisons connaissance avec quelques Hancois. Monsieur Denis nous présente la mairie et la chapelle restaurées depuis peu à partir du seul mur subsistant de l’église détruite à la Révolution. À midi, nous partageons un repas de fête au menu typiquement mellois préparé par Claudine Denis, épouse du maire. Ce repas à La Prairie à Hanc, chez Monsieur et Madame Denis, sera l’une des « riches heures » de notre « ressourcement » au pays de l’ancêtre.

Entre ce repas savoureux qu’on appellerait ici « du terroir » et la cérémonie de la commémoration en l’honneur de notre ancêtre, il y eut visite du Château de Javarzay à Chef-Boutonne. Il abrite le « Musée de la Coiffe » et plusieurs artéfacts de l’époque Renaissance et féodale.

En fin d’après midi, vint l’instant tant attendu, celui du dévoilement de la plaque en hommage à Pierre Blais. Sur la place au centre du bourg, devant la mairie-église de Hanc, une stèle enveloppée de bleu et de blanc, aux couleurs du Québec, une frise de drapeaux français, canadiens, québecois, américains, rappellent ce Pierre Blais parti de France et « père » des milliers de Blais d’Amérique. Tous les Blais présents sont faits citoyens hancois comme le fut Pierre. Monsieur le maire de Hanc, Luc Denis, et notre présidente, Lucille Blais, échangent cadeaux et promesses de retrouvailles. Un envol de ballons bleus et blancs porteurs d’un message des Blais d’Amérique scelle ce moment d’amitié. Les maires des villes voisines où vécurent des Blais (Melleran, Chef-Boutonne et Pioussay) ont été associés à la fête. Monsieur Yves Debien, vice-président du Conseil régional Poitou-Charents nous lit un message d’amitié de Madame Ségolène Royale; Monsieur Jean-Claude Sillon, Conseiller général des Deux-Sèvres et Monsieur Dorick Barillot, Président du Pays Mellois, nous ont fait l’honneur d’être avec nous. Le Conseil municipal et les habitants de la commune se sont associés à leur maire pour marquer ce jour exceptionnel. Les Blais et les Hancois se sont ensuite rencontrés autour d’une table de fête, ont chanté ensemble l’histoire des Blais d’Amérique, échangé informations et adresses et projeté de se revoir dans un avenir pas trop lointain. Ils auraient voulu faire la fête jusqu’aux petites heures du matin, mais le car était là…qui attendait.

Notre périple n’était pas terminé. Couchés à Poitiers, il y eut dans les jours qui suivirent visites du Châtau de Chenonceaux, des maisons troglodytes de LaRochemenier, d’une cave à vin et de la ville de Tours. Au passage, nous avons salué certains châteaux célèbres comme celui de Cheverny, de Chambord, D’Amboise et de Blois. L’autocar entre sur Paris le 8 juin. Pour la journée du lendemain, plusieurs ont accepté l’offre faite par Maud et son conjoint Georges Belle, soit une visite commentée du cimetière du Père Lachaise. Il fallait voir avec combien d’amour de l’art et de l’histoire, Maud et Georges ont rassasié les voyageurs avides de savoir. Un souper d’adieu à Montmartre et une ballade sur la Seine en soirée ont mis le clou à notre magnifique escapade. Sur les ailes d’Air Transat, nous sommes revenus dans nos terres, la tête pleine de souvenirs!

Maud Sirois-Belle M-415
Lucille Blais M-215

Dernière mise à jour de cette page : 14 décembre 2011